Le comté du Périgord, en ce 17ème siècle, est une terre aux villages noyés sous le soleil, aux sombres forêts, aux rivières languides et aux lacs étincelant au clair de lune. C’est un coin de France où les esprits, dryades et nymphes ont trouvé refuge, mais où comme partout ailleurs, les sorcières sont encore brûlées au bûcher.Né avec le don de seconde vue, le jeune pêcheur Jehan ne désire rien d’autre que de travailler dur, garder profil bas et s’éviter les ennuis. Ce qui lui réussit plutôt bien jusqu’à ce qu’une série de malheurs frappe le forgeron du village et sa femme. Leur fils adoptif, Giraud, est la coqueluche du village mais cache lui-même, sous des dehors fringants et aventureux, une douloureuse connexion avec le surnaturel. Craignant l’œuvre d’un pouvoir maléfique, Giraud se tourne vers le seul autre homme de la ville qui connaît le monde dissimulé autour d’eux: Jehan. Ils se retrouvent bientôt entraînés dans une quête où se mêleront brigands, sorcières et nobles faes, tandis que leur amitié et leur attirance l’un envers l’autre iront en grandissant. Parviendront-ils à survivre à d’antiques querelles et aux dangers de leur aventure avant d’envisager de couler des jours heureux ensemble?

Une très jolie fiction historique du 17e siècle narrée à la manière d’un conte de fée (« il était une fois… ») dans une ambiance « post médiévale » de province : l’auteure nous y fait découvrir, au plus profond d’un Périgord Noir, le long des méandres d’une Dordogne sauvage, une terre rustre et populaire aux villages noyés sous le soleil et aux sombres forêts peuplés de mystères… et, c’est là que le merveilleux fait son apparition, tout un monde peuplé de lutins, dryades, nymphes, sorcières et autres faes et où la magie, même si elle existe sous-jacente au monde des humains, doit restée secrète car rappelez-vous, nous sommes encore à une époque où on brûle les sorcières et les bougres pour hérésie… Et c’est dans ce contexte peu engageant pour les êtres différents que notre jeune héros, un simple pêcheur, Jehan, un garçon plutôt discret mais très altruiste et très respectueux du petit peuple du « monde invisible », possédant certains dons issus de la magie, se retrouve emporté dans une aventure épique où se mêleront magie, malédiction, combats, intrigue historique, rebondissements en tout genre autour d’une très belle histoire d’amour qui se construit petit à petit entre notre héros et son beau, fringuant et merveilleux « prince », Giraud, le fils adoptif du forgeron du village, qui cache lui aussi un mystère que notre jeune héros découvrira au fil de l’histoire. Or, il doit faire également très attention car, d’un côté, il se trouvera confronté à un monde de magie où des entités puissantes ont peu de respect pour le monde des humains et, d’un autre côté, où, à cette époque du 17e siècle, chacune de ces différences (magie et amour des hommes) peuvent vous mener droit au bucher. Si nos deux héros sont très attachants, les personnages secondaires rencontrés tout au fil de leurs aventures sont tout aussi attachants : Lunette, la petite fae, Limnada, la jolie nymphe ou sirène, la vieille sorcière Raelle…  Il faut souligner un très gros travail de recherche documentaire de la part de l’auteure sur le Périgord profond que cela soit géographiquement, historiquement ou culturellement, même si on se trouve, dans ce roman, dans une sorte d’uchronie, les lieux-dits, villes et villages cités dans l’histoire n’existant pas mais étant fortement inspiré de lieux existants réellement comme par exemple avec Castelfort ou Béronsac du roman et Castelnaud ou Bézenac près de Sarlat… Dans ce conte, tout est décrit avec beaucoup de finesse et de justesse, les combats, l’intrigue, les rebondissements : ici pas de combats épiques ou violents avec des dragons, de créatures fantastiques ou des hordes de guerriers armés jusqu’aux dents mais de simples échauffourées que tout homme de cette époque pouvait vivre dans sa contrée. L’imaginaire est là, non pas complètement assimilé à l’histoire comme dans une fiction de Fantasy historique mais simplement comme des signes du merveilleux qui ponctuent l’histoire transformant ainsi cette fiction historique en un véritable conte de fée. Une lecture vraiment agréable, facile, pour tous, d’autant qu’à contrario de nombreuses homo-romances, le sexe n’est jamais présent dans ce conte et que tout se concentre au niveau des émotions et des sentiments ressentis par nos deux héros.